22e RENCONTRE de l’ASSOCIATION SAINT-SILOUANE
Avec le Christ, qu’est-ce donc que l’homme ?
au Sacré-Cœur de Montmartre
Samedi 24 & Dimanche 25 Octobre 2015
Cette Rencontre, sur le thème « Avec le Christ, qu’est-ce donc que l’homme ? », s’est déroulée dans la maison d’accueil Ephrem, qui jouxte la basilique du Sacré-Cœur. L’Association y a été accueillie chaleureusement par les Sœurs bénédictines du Sacré-Cœur de Paris. Le vendredi soir, un échange fraternel entre la Communauté des Sœurs et le Comité de l’Association, suivi, dans la chapelle des Sœurs, du mégalynaire chanté en commun autour d’une relique de saint Silouane, a manifesté une connivence spirituelle profonde qui a réjoui les unes et les autres. Les Vêpres du samedi et la divine Liturgie, le dimanche, se sont déroulées dans la Crypte de la Basilique, généreusement mise à la disposition de l’Association Saint-Silouane l’Athonite par le Recteur du Sacré-Cœur de Montmartre, le Révérend Père Jean Laverton. Les offices ont été admirablement soutenus par la chorale Saint-Martin de la paroisse Saint-Jean le Théologien de Meudon. La journée des conférences a été rehaussée par la présence de Monseigneur Jean, évêque de Charioupolis, auxiliaire du Patriarche de Constantinople Bartholomée Ier.
Cette vingt-deuxième Rencontre, résidentielle, de l’Association a rassemblé une centaine de personnes venues de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de Suisse et d’Espagne. Orthodoxes, catholiques, protestants, les amis de saint Silouane, issus de nombreuses nationalités, ont ainsi manifesté, une fois de plus, l’espérance active et la motion de l’Esprit Saint qui, par l’intercession et l’enseignement de saint Silouane et du Père Sophrony, invitent et conduisent à l’unité en Christ.
Le thème choisi a été abordé par deux conférences, l’une le matin, l’autre l’après-midi, toutes deux suivies d’un abondant dialogue.
Après avoir situé les conceptions de Dieu et de l’Homme dans les références dominantes de la pensée contemporaine, largement sécularisée, Jean-Claude Polet, Secrétaire de l’Association, s’est employé à caractériser les trois étapes majeures qui ont marqué, dans l’histoire de l’humanité religieuse dont nous sommes les héritiers, la Révélation progressive de Dieu aux hommes, étapes qui ont, parallèlement, déterminé une évolution décisive dans la conception de l’Homme. Après la Chute d’Adam et la relance de la Création avec Noé, les liens de confiance et d’alliance entre Dieu et les hommes sont repartis sur de nouvelles bases avec Abraham. Avec Moïse, la révélation de l’essence personnelle de Dieu a induit la nécessité, fondée sur la Ressemblance de l’Homme à Dieu, de la reconnaissance du caractère essentiellement personnel de l’Homme et, ainsi, de la valeur absolue de ce fondement ontologique, qui a induit une nouvelle Loi, régulatrice de cette nouvelle anthropologie. Avec le Christ, Dieu a accompli totalement et en perfection la révélation, encore incomplète, faite à Moïse, en conjoignant en sa Personne la nature humaine et la nature divine, réalisant, sans confusion de nature, par la commune essence personnelle qui lie Dieu et l’Homme, le dernier degré possible de l’évolution anthropologique. À cette ultime révolution anthropologique a correspondu l’ultime révélation théologique, celle de la Sainte Trinité. Face à la résignation athée de la pensée moderne ou à la dérisoire autodéification de l’homme mortel par le recours à l’absolu de la souveraineté rationnelle, les chrétiens, dont la foi est fondée sur la vie bien plus que sur la pensée, ont à assumer la révolution anthropologique dont ils sont les dépositaires et à en diffuser la pertinence auprès de tous les hommes de bonne volonté qui, comme la vie elle-même, continuent, envers et contre toutes les contraintes de la pensée, à croire et à espérer dans le triomphe de la vie sur la mort.
La conférence de l’Archimandrite Placide Deseille, lue en son absence par l’Archimandrite Syméon, Président de l’Association, a porté sur une des conséquences ultimes de l’anthropologie chrétienne : « Le corps des chrétiens dans la mort, et la vénération des reliques des saints ». Si le chrétien est, par son baptême et son adhésion au Christ, « greffé » sur le Christ ressuscité, s’il est appelé en toute vérité « membre du Christ » et « temple du Saint-Esprit », cela concerne son corps, et son corps mort aussi bien que son âme séparée de son corps. Bien que n’étant plus vivifié par l’âme, le corps n’en reste pas moins sanctifié, si le chrétien est mort en état d’amitié avec Dieu. C’est là, d’ailleurs, la raison des égards liturgiques qui lui sont rendus. C’est aussi la raison de la vénération des reliques des saints et la cause de leur puissance d’accomplir des miracles. Aux yeux de la foi, elles sont vraiment des charbons ardents imprégnés du Feu incréé de la Divinité. Le caractère primordial et traditionnel de cette conception est notamment attesté par le traité Sur la louange des saints de saint Victrice de Rouen (2e moitié du IVe siècle), qui porte précisément sur la vénération des reliques. Il résume ainsi en une phrase l’un des points essentiels de l’enseignement des Pères de l’Église : la nature humaine est une. Et cette doctrine de l’unité naturelle de l’humanité et de l’unité spirituelle des hommes dans le Christ demeure fondamentale. Ainsi donc, l’humanité est spirituellement une, d’une certaine manière par nature, mais surtout dans le Christ, car nous sommes tous incorporés au Christ et l’Esprit de Dieu habite en chacun de nous. Autrement dit, dans le corps même des saints le Saint-Esprit est présent, Il est donc présent dans leurs reliques ; c’est ce que l’Église a toujours cru dès l’origine, et cette présence n’est pas diminuée par la petite dimension des reliques. C’est exactement le même argument qu’on emploie à propos des parcelles du Corps du Seigneur dans l’Eucharistie.
Le texte de ces deux conférences sera publié dans le Buisson Ardent 23, à paraître en 2016.