L'Ancien Arsenie Papacioc

Qestion : Père, que conseillez-vous d’abord aux chrétiens qui désirent croître dans la vie spirituelle ?

Père ARSENIE : Je recommande de maintenir un état de joie intérieure profonde, jaillissant du cœur ; un état qui signifie la prière incessante. Un état de vraie joie : libéré des soucis de la vie, des difficultés sur le chemin de l’existence. Un état de joie en toutes circonstances. S’il y a de la tristesse (l’enfant du démon qui couve), c’est un état d’absence, de ténèbres. Si un homme ne meurt pas dans un état de vigilance, de gloire louable, toute la création souffre.

Nous vivons dans une grande unité ; toute la création de Dieu est une. Si nous nous séparons de cette grande unité, nous nous plaçons dans une position d’anéantissement, d’auto-anéantissement. C’est pourquoi je recommande un état de vigilance. La tragédie de toute la création doit être pleurée comme si c’étaient nos propres péchés. Et un état de prière signifie être continuellement présent. En tant que père spirituel qui parle toute la journée avec des personnes en quête de droiture, je ne recommande pas l’ascétisme. Je les exhorte à être continuellement présents, dans un état d’opposition au péché et à la passion, ce qui signifie reconnaître les forces du bien en soi.

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Plus tu as aimé hier, plus tu es resplendissant et beau aujourd’hui.

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Tu n’es jamais seul une fois que tu as commencé à marcher sur le chemin ardent de la Croix du Christ.
Appuie-toi sur tes propres ailes, et la joie allumée dans ton cœur ne cessera jamais.

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Bien-aimés, la question de la vie chrétienne et de l’union avec Dieu ne doit pas être abordée dans une perspective historique. Nous ne devrions pas nous limiter à l’histoire ou rester bloqués sur elle. Non! Il s’agit d’être continuellement présent. Je ne recommande pas un état d’ascétisme comme une voie nécessaire pour atteindre le salut, mais je recommande un état de présence continue, qui n’a pas d’obstacles, qui n’a pas de moment historique ou politique.

Guidons-nous par ce fait. Si vous vivez cent ans, votre cœur bat sans cesse pendant cent ans, jour et nuit. Eh bien, ce cœur ne bat pas seulement pour garder un corps en vie, mais pour nous permettre de sentir définitivement que nous devons être dans la présence de Dieu, avec l’esprit et avec tout l’être. Sans cesse!

Que votre cœur soit en paix et rempli d’amour pour toutes les vénérées mères et sœurs. À un esprit obstiné et méchant qui dit que tant d’amour est impossible, le Christ notre Dieu répond sans ambages : « Ayez courage ! Je vous ordonne, à vous qui partagez la même nature humaine, de vous aimer les uns les autres. Si je n’avais pas accompli ce que tu peux faire, je n’aurais pas donné ce commandement. Par l’amour, nous nous libérons de tous les préjugés, de toutes les taches sombres de notre âme et de l’amour de la paix.

Par l’amour, nous nous libérons de tous les préjugés, de toutes les taches sombres de notre âme et de l’isolement total de ceux qui sont réunis par la divine providence pour demeurer dans l’amour. Mille fois béni est celui qui aime malgré la calomnie.

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Vous devez supplier Dieu ardemment pour être délivré des conséquences d’un seul mot irréfléchi — un mot qui peut même sembler inoffensif — prononcé un instant à propos de quelqu’un. Et qui peut vous assurer que vous êtes vraiment pardonné ? Le père spirituel peut vous donner l’absolution pour l’acte, mais vous subissez ses conséquences. Comme il est sage de savoir se taire et de parler avec bonté des autres ! Qui sait combien Dieu aime la personne du doigt de laquelle on se moque ? Le Seigneur Jésus-Christ est profondément attristé par les pensées oisives, inutiles, honteuses et, surtout, meurtrières. En revanche, la maîtrise de soi sera grandement louée, admirée et couronnée. Voyez combien on peut gagner en une seule journée en se taisant ? Les épreuves seront douces, non pas d’amères difficultés auxquelles doit faire face une pauvre conscience.

Qu’est-ce que, pensez-vous, le Seigneur Jésus-Christ murmure sans cesse à l’oreille de notre cœur ? D’une voix attristée et douce, le cœur saignant, Il dit : « Aimez, aimez gracieusement, aimez toute l’humanité, aimez plus ardemment le cœur blessé. Combien j’ai pleuré et souffert pour les blessures de vos voisins, car je sais pleurer. Et mes pleurs sont silencieux : quelque chose que le monde ne peut consoler. Comme je vous aime, et mon amour est divin. C’est tout ce que je demande, et cela me suffira, et je me reposerai en vous. »

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Nous devrions d’abord penser à remercier le bon Dieu d’être en vie et d’avoir consacré nos cœurs seulement à Lui. Ne croyez pas que je désire compter vos prosternations et vos labeurs, qui sont, en fait, consignés quelque part. Non, pas du tout. Je désire plutôt que vous commenciez à aspirer sans bornes à Jésus-Christ, à la Mère de Dieu, et aux anges irréprochables, purs, sincères et bienveillants des royaumes éternels.

Toutes choses sont possibles avec le bon discernement, avec l’amour. Ne paraissez pas différent des autres. Faites toujours les choses selon les coutumes. Surtout, ne demandez pas à Dieu la récompense de vos actions. Nous ne sommes rien dans ce que nous faisons. C’est seulement la grâce de l’amour du Christ, en synergie avec notre volonté, qui nous meut et nous accorde la gloire que nous prétendons posséder.

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Soyez au cœur bon, une joie pour tous ; soyez miséricordieux. La charité est plus resplendissante et plus grande que tout don ou talent qui peut vous apporter une satisfaction extraordinaire et immédiate. Donnez à un pauvre au moins un sourire fraternel si vous n’avez pas un sou pour le pain qu’il veut acheter. Un tel pain — un sourire — s’appelle le pain angélique. Avoir un caractère spirituel signifie se connaître soi-même et connaître le mobile des reproches ou des louanges qui vous sont adressés. Ne vous déshonorez ni à cause d’un reproche ni à cause d’une louange. Considérez-vous comme néant, mais par votre vie soyez un héros pour ceux qui vous entourent.

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Ne vous entraînez pas à attendre une gratification instantanée pour vos actions. Cette attitude peut engendrer des qualités désagréables qui affectent la nature de votre caractère. Considérez-vous comme votre propre parent ; c’est-à-dire, tenez-vous responsable de tous vos actes.

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Votre zèle doit être tempéré par le discernement. L’harmonie et la discrétion sont le chemin sûr. Sinon, vous risquez de vous croire au-dessus des règles du lieu où vous vivez et plus grand qu’une âme qui porte humblement sa croix. Vous devez savoir saisir et renforcer l’esprit d’unité partout où vous êtes. Il vous fortifiera et vous poussera vers un état d’humble honneur, c’est-à-dire l’obéissance couronnée, si vous désirez entrer dans le domaine angélique.

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Comprenez que la beauté et la profondeur des Écritures résident dans la connaissance que nous devons être toutes choses pour tous les hommes (cf. 1 Cor. 9:22) — si vous aimez en apôtre ou en fils d’apôtre. Le fait que le cœur batte dans notre poitrine ne signifie pas qu’il nous appartient seulement. Il n’a pas été créé seulement pour pomper notre sang — comme c’est le cas pour les animaux — mais, par-dessus tout, pour propulser sans doute l’esprit qui est en nous.

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Vous ne pouvez pas inscrire votre nom dans le Livre de Vie céleste en demandant à quelqu’un de le faire à votre place ; vous devez le graver de votre propre sang. Il ne s’agit pas d’inscriptions dans des livres dorés, dans des diplômes et des registres prétentieux qui font votre renom. Tous les jours de votre vie cherchez seulement à être inscrits dans le Livre céleste. Combien de personnes faut-il « tuer » pour être écrit dans le livre terrestre qui vous apporte louange et gloire humaines ! Mais si vous désirez être inscrit dans le Livre céleste, il faut vous laisser mettre à mort de toutes les manières possibles. C’est pourquoi je vous ai demandé de ne tuer personne, même par une parole, mais de vous laisser seulement égorger.

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Du fond de votre cœur renoncez à l’homme ancien qui est en vous, et vous découvrirez Dieu en vous. Que peut-il y avoir de plus ? Commencez ! Vous serez un petit héros divin.

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On sait que la conscience allume la chandelle de l’âme. Ainsi, on peut dire que la conscience est une petite portion divine en nous. Quel être supérieur est l’homme ! Restez maître de votre être.

( Extraits du chapitre 2 du livre "Chaque soupir peut être une prière" Editions de la Fraternité Saint Germain d'Alaska, traduit par notre présidente, Soeur Magdalen)